Je suis arrivée à Marrakech un vendredi midi.
En sortant de l’aéroport, je suis montée dans un taxi, jaune crème,
une fiesta désossée à l’intérieur, un tapis de prière en velours vert sur le tableau de bord,
la poignée intérieure des portières arrières étant constituée
d’une sangle cloutée aux deux extrémités...
Le réflexe de chercher une ceinture absente me revint à chaque fois que je montais
dans un taxi, par la suite. Ruelles étroites ou ceintures périphériques,
chacun va à son allure, en tongues, sans casque.
Les jeunes sont souvent pressés, les vieux plus prudents...
On trouve de tout sur les routes, tout ce qui peut rouler, en réalité;
scooters yamahas, vélos trop grands, trop petits pour leurs propriétaires, enfants, viellards, aux roues bicolores, guidons bricolés, Solex pétaradants.
J’ai vu deux filles sur une moto cross tonitruante, des papis en claquettes sur des bécanes fumantes, j’ai vu une famille entière sur une vespa.
Vieilles éditions de voitures, aux angles découpés dans le métal, transportant de 1 à 7 passagers, deux devant et quatre à l’arrière, entassés, qu’importe.
Le moyen de transport, sans prétention.
Une diversité étonnante, la présentation permanente d’antipodes,
comme souvent on peut les constater à Marrakech;
les 4x4 aux vitres foncées, climatisés, aux côtés des calèches aux tapis à franges vertes, carosses en laiton brillant, couverts ou non, menés par des trotteurs en sueur.
Et puis ces ânes, porteurs de pastèques ou autres denrées,
toujours entre le trot et le galop, attelés comme on peut,
avec une bricole faite de morceaux de pneus, de rafia de plastique,
les rênes en cordes usées.
Dans la Médina, on trouve aussi ces minuscules camions, qui se frayent un passage
plus à l’aide de la voie du conducteur que du klaxon épuisé,
qui semble rendre l’âme à chaque fois que l’on fait appel à ses services.
A l’extérieur, de gros camions à la marque répétée 5 fois,
visible sous tous les angles, brillants, et bien entretenus;
un propriétaire fier, ou un investissement si récent qu’on ne voit pas encore
les traces de poussière et de sable qui ne tarderont pas à ternir
les traces de poussière et de sable qui ne tarderont pas à ternir
ces frivolités colorées.
On conduit d’une main, on gère sa barque dans la foule qui circule.
Parfois c’est le chargement qui est plus gros que le transport,
comme ces 5 matelas aperçus sur le toit d’une Renault, souvent c’est l’inverse, téléviseur à l’arrière d’un vélo, ou une dizaine de têtes de boucs accrochées sur un autre guidon.
Partout on voit ces ateliers sombres, où quelques jeunes génies de la bidouille réussisent à réassembler les pièces aux origines diverses, plus ou moins connues,
pour créer un nouveau modèle, personnalisé qui plus est.
Entre les pneux, les pièces de rechange, les tuyaux regonfleurs, on peint,
on démonte, on répare et on repart.
Pourtant, il y a une concentration perméable lors de ces déplacements;
chacun fait attention, laisse passer lorsque c’est trop juste.
J’ai souvent demandé s’il y avait beaucoup d’accidents,
on me répond que non, grâce à Dieu .
Tôt le matin, sur la place, les camions livrent les packs de bouteilles, eau ou soda,
et les camions aux chargements opaques deviennent peu à peu des plateformes sur lesquelles les gamins viennent jouer, ou les livreurs, en attendant quelque réglement administratif, observent le début des activités de Jamel El Fna, en pensant à ici ou ailleurs.
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